La dernière scène avant le réveil
« Mais non ma fille, tu as dû rêver ». Ce sont les mots que ma mère m’a dit lorsque j’avais 9 ans, après lui avoir avoué que je subissais des attouchements sexuels de la part de mon grand-père par alliance. J’étais considérée comme étant une enfant rêveuse. Nous vivions dans un petit village du sud de la France et ma mère travaillait dans une épicerie nommée Les méridionaux d’Oc. Je m’approche d’elle alors qu’elle coupe du jambon en tranche avec une machine, je lève la tête pour la regarder du haut de ma petite taille d’enfant. J’arrive enfin à trouver le courage de lui parler. Plus tard, elle m’a offert un livre d’interprétation des rêves. J’ai fini par vouloir approfondir la notion de rêve et ce qu’elle signifie pour moi, ainsi que l’impact des mots de ma mère.
Ces images explorent à la fois le rêve, la sensation d’isolement, la dissociation vécue pour échapper à des sensations et l’amnésie traumatique qui en découle. Il y a une tentative de capturer ce moment qui a lieu entre le sommeil et l’éveil, les fragments de souvenirs et de sensations qui le précède, la mémoire figée de l’instant juste avant l’impact émotionnel et laissant une empreinte fragmentaire. Elle interroge la dualité dans toutes ses dimensions : celle du rêve et de la réalité, celle de la victime d’inceste et les confusions qui en résultent.